UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Notre activité


Le rôle des proches aidants en Ehpad 3/3


Voici la contribution de la CFDT Retraités, présentée au cours de l’audition à l’Assemblée nationale le 22 février 2022 dans le cadre des missions « flash ». La CFDT s’appuie sur ses adhérents proches aidants et ceux qui sont investis dans les conseils de la vie sociale et des réseaux Inter CVS.

Sommaire du dossier
 La démocratie dans le médico-social en débat 1/3
 Nos réflexions et objectifs sur les CVS 2/3
 Le rôle des proches aidants en Ehpad 3/3

La CFDT partage depuis des années les multiples causes de maltraitance dans tous les types d’Ehpad, dont le manque de personnel. Elle s’attache également à valoriser la bientraitance et la prévention collective.

Avec le conseil de la vie sociale où siègent les représentants élus des résidents, des familles et du personnel, les proches aidants sont essentiels en Ehpad pour le bon fonctionnement de la vie sociale en établissement et la prévention de la maltraitance. Accompagnés, conseillés ou organisés en réseau comme dans les Inter CVS, les membres de CVS et les proches aidants inspirés de bonnes pratiques sont plus efficaces. Leur poids collectif dans ce cas est réel vis-à-vis des organismes de tutelles et les directions générales d’Ehpad.

Les mesures sanitaires ont entravé l’intervention des CVS et des familles

Des élus de CVS règlent souvent en interne des situations de maltraitance. Mais il est souhaitable que leur rôle soit renforcé par la concertation et la codécision, avec une coprésidence du CVS par un résident et une famille. Concernant, si besoin, l’apport externe dans le CVS, nous privilégions la présence d’un représentant formé issu du collège des usagers des conseils départementaux de la citoyenneté et de l’autonomie (CDCA), conseils territoriaux de santé (CTS) et conseils communaux d’action sociale (CCAS).

La pandémie avec ses mesures sanitaires pour les visites des familles dans l’établissement pendant près de deux ans a démontré les effets négatifs de la restriction des libertés pour la santé des résidents et les conditions de travail des personnels. La crise a amplifié les dysfonctionnements et les situations de maltraitance dans tous les types d’Ehpad. Des CVS ont obtenu davantage de transparence de l’information de la part de directions et réduit des situations d’enfermement.

Les décès ont autant été provoqués par l’isolement des résidents que par le virus. Le droit de visite devrait être préservé, y compris l’activité des membres du CVS pendant une crise qui va bien au-delà de ses réunions au cours de l’année.

Les aidants participent à la bientraitance

Les proches aidants, avant d’intervenir en Ehpad, ont une longue expérience d’accompagnement et de présence auprès de leur proche à domicile. Lorsque l’entrée en Ehpad s’impose, ils sont bien accueillis, mais surtout soucieux de la prise en charge et du prendre soin de leur parent, d’autant qu’ils ne vivent pas toujours bien, comme leur proche, l’obligation nécessaire du placement. Leur présence est inégale : les plus nombreux viennent une fois par semaine, certains tous les jours, d’autres très rarement.

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Au contact de leur proche, ils apportent un soutien moral et affectif, entendent les désirs de leur parent, veillent à leur bonne prise en soin, que ce soit sur leur état de santé psychologique et physique. Il vérifie par exemple le confort du résident dans sa chambre, l’état des prothèses auditives ou optiques, la disponibilité du linge corporel et souvent leur perte et leur retour tardif. La présence de la famille permet aussi de faire sortir et d’accompagner le résident dans les parties communes et surtout le jardin quand il existe.

Un regard croisé essentiel entre soignants, familles et résidents

Le proche aidant fait souvent le point avec l’aide-soignante qui, quotidiennement, accompagne le résident. Des petits dysfonctionnements sont ainsi réglés. Le proche aidant peut aussi comprendre le travail du personnel et ses contraintes.
Le regard croisé des familles, des professionnels et des résidents au CVS sur le rôle et l’attente de chacun permet d’établir un climat de confiance bénéfique pour tous et de surmonter la défiance et des situations conflictuelles.
Dans cette approche, le projet de vie personnalisé d’accompagnement du résident devrait être réactivé.

Le contact entre familles proches aidantes, à nouveau possible, permet d’échanger leurs ressentis, de se soutenir et de se rassurer. L’Ehpad peut alors être mieux reconnu comme un lieu de vie et d’accompagnement collectif. Sans se substituer aux activités des professionnels, les proches aidants, comme les bénévoles contribuent au bien-être des résidents et à une vie sociale de qualité. Leur investissement est apprécié du personnel.

La présence régulière des familles est un bon moyen d’observation pour les membres du CVS, surtout quand ce dernier les réunit avant chaque CVS. De fait, un bon fonctionnement du CVS assure une veille sociale et un contrôle continu de la bientraitance. Quant aux proches aidants les plus impliqués, ils sont souvent l’occasion de renouveler le CVS à chaque élection.

L’attitude des directeurs est déterminante

Lorsque le CVS dispose des coordonnées des proches aidants, ce qui est encore trop rare, les élus du CVS sont plus représentatifs et peuvent apporter aussi des conseils sur leurs droits et ceux de leur proche. C’est aussi le cas pour la prévention collective et l’attitude constructive à avoir avec les soignants sans peur des représailles, qui sont parfois supposées ou réelles. L’attitude des directeurs est déterminante pour la bonne gestion de la qualité et du personnel. Malgré leur marge de manœuvre insuffisante, certains s’appuient sur le CVS, d’autres réduisent son rôle ou l’entravent. Les moyens en nombre de personnel, comme l’accès à des formations qualifiantes sont essentiels. Les multiples pathologies dont la part croissante des troubles cognitifs supposent d’autres approches dans l’accompagnement.

Rappelons qu’à domicile, les situations de maltraitance sont aussi importantes qu’en établissement vu l’isolement des personnes. Heureusement, les proches aidants participent pleinement à l’accompagnement et à la gestion des intérêts de leur proche, les aides à domicile et auxiliaires de vie ne suffisent pas. La mise en place de CVS dans ce secteur est souhaitable et possible. Le prendre soin des personnes en perte d’autonomie se pose tout au long du parcours de vie et de santé.

Par ailleurs, vu l’éclatement et l’éloignement des familles, on peut s’inquiéter de l’affaiblissement de leur présence à domicile comme en établissement. Enfin, pour améliorer la vie en Ehpad, rehausser leur image et l’attractivité des métiers, il est nécessaire de décrire les bonnes pratiques professionnelles, celle des CVS et des bénévoles ; recueillir l’expression des résidents et des proches aidants.